Enregistrement de la troisième séance du cycle de rencontres intitulé Questions ouvertes pour l'école du XXIe siècle, organisé par le Centre de Philosophie Contemporaine de la Sorbonne (CEPA), l'Ecole Supérieure du Professorat et de l'Education de Paris et la revue Skhole.fr.
Cette journée d'étude s'est déroulée le Samedi 7 février 2015 à la Sorbonne avec les interventions de : Michel Fabre, Anne-Claire Husser, Laurent Jaffro, Pierre Kahn, Hélène Merlin-Kajman, Roger Monjo et Ruwen Ogien.
La question de l’éducation morale trouve une résonnance particulièrement sombre dans les évènements qui ont endeuillé notre pays en ce début d’année. Si la genèse des actes terroristes excède assurément le cadre de l’école, cette dernière n’en est pas moins structurellement investie d’une mission de lutte contre toutes les formes de barbarie. Contribuer au développement du jugement et de la sensibilité morales chez les jeunes générations n’est à cet égard pas la moindre des tâches qui lui incombent.
On lit dans loi du 8 juillet 2013 “pour la refondation de l’école de la République” (art. 41): « L'école, notamment grâce à un enseignement moral et civique, fait acquérir aux élèves le respect de la personne, de ses origines et de ses différences, de l'égalité entre les femmes et les hommes ainsi que de la laïcité. »
Au delà de la nostalgie d’une époque où l’école laïque pouvait se concevoir comme lieu privilégié d’inculcation de la « bonne vieille morale de nos pères », ce retour de l’enseignement moral répond à une demande croissante d’éducation adressée à l’institution scolaire. Non sans paradoxe, la société civile attend de cette institution qu’elle garantisse les conditions du vivre ensemble tout en participant à la contestation de son autorité.
Si l’on peut faire état d’un certain consensus s’agissant du rôle de l’école dans la formation du sujet moral et dans la transmission des valeurs de la République, la question des limites de ses compétences en la matière n’en mérite pas moins d’être posée.
L’enseignement moral constitue du reste, par sa nature même, un objet pédagogique délicat: comment s’articulera-t-il aux différentes matières enseignées ? Ne risque-t-il pas d’apparaître accessoire aux élèves comme aux enseignants ? À quelles type de démarches d’apprentissage fera-t-il appel ? Comment l’évaluer enfin dès lors que l’on considère qu’il ne vise pas seulement à acquérir des contenus de connaissance, mais bien à cultiver des dispositions à agir ?
Ces questions n’ont rien de marginal: il s’agit de déterminer ce que peut et ce que doit l’école d’une société démocratique. En d’autres termes, c’est la définition même de cette école qui est ici en jeu.
Pierre Kahn (Caen) : À propos de "l'enseignement moral et civique" : réponses à quelques objections
Anne-Claire Husser (ESPÉ Paris) : Education morale et universalisme républicain: quelques réflexions à partir des leçons de morale de Ferdinand Buisson
Questions de la salle et réponses de Pierre Kahn et Anne-Claire Husser
Hélène Merlin-Kajman (Paris 3) : Littérature, espace transitionnel et éducation morale
Michel Fabre (Nantes) : Quelle éducation morale pour un monde problématique ? Entre obligation et perfectionnement
Questions de la salle et réponses d'Hélène Merlin-Kajman et Michel Fabre
Ruwen Ogien (CNRS) : Quelle morale ? Et pour qui ? + Discussion avec la salle
Roger Monjo (Montpellier 3) : De la morale à l'école à la morale de l'école
Laurent Jaffro (Paris 1) : Quels contenus pour un enseignement scolaire de la morale ?
Questions de la salle et réponses de Roger Monjo et Laurent Jaffro