La philosophie de Dewey a une grande influence sur la pensée éducative contemporaine, bien qu’elle soit peu discutée sur le plan épistémologique. Nous proposons un accès à sa théorie de l’expérience sur la base de certains concepts clés. A partir de là, nous montrons que le point névralgique de la théorie de la connaissance de Dewey repose sur un postulat fondamental, celui de l’indépendance relative, pour la compréhension de la signification, des phénomènes existentiels par rapport aux construits théoriques. Nous défendons que si l’on abandonne ce postulat, certaines bases de la théorie de la connaissance de Dewey s’écroulent et, avec elles, les principes en matière de formation intellectuelle qui en sont dérivés.
Nous proposons une analyse des théories philosophiques sous-jacentes aux modèles de l’individualité démocratique qui se sont développés historiquement. La thèse défendue ici est que l’idée de dualité épistémique des sources de la connaissance humaine, qui est au cœur de certaines des avancées majeures de l’épistémologie moderne, ouvre une voie à la fois distincte du dualisme ontologique du rationalisme classique et des empirismes radicaux dérivés de l’empirisme classique, mais qui en intègre les enseignements majeurs. Cette voie invite à repenser les sources de l’indépendance d’esprit du sujet connaissant et à soutenir une conception nouvelle de l’individualité démocratique : elle confère un sens profond à une démocratie participative à laquelle l’école doit contribuer par son rôle cognitif.
Nous mettons en évidence les grandes tensions qui sous-tendent la crise moderne de la pédagogie en représentant les différents courants de pensée en conflit dans un espace pluridimensionnel : épistémologique, ("réalisme versus idéalisme"), méthodologique ("activité propre de l’élève versus transmissions"), psychologique ("naturalisme versus rationalisme"). Alors que les débats ont jusqu’à présent porté sur les deux premiers axes, en les réduisant généralement à un seul, notre thèse est que la crise de la pédagogie se joue sur le troisième axe défini.
Les changements pédagogiques dans la plupart des systèmes éducatifs occidentaux visent aujourd’hui au développement de compétences générales, et s’appuient sur des notions telles que l’interdisciplinarité, les situations d’apprentissage, l’interaction entre pairs etc. Ils s’opposent aux principes généraux d’une éducation dite libérale qui associent le développement intellectuel à des formes théoriques d’apprentissage – c’est-à-dire explicites et développées suivant la logique des disciplines elles-mêmes. Une explication de ce conflit est offerte à partir du rôle joué par les présupposés épistémologiques en jeu – étroitement liés à des présupposés psychologiques.
Dans cet article, Benoit Leclercq, professeur de sciences économiques et sociales, propose un bref résumé de l'histoire de cette discipline à travers notamment les choix didactiques, la difficulté d'intégrer les différentes sciences sociales et la finalité qu'elle se donne d'amener les lycéens à réfléchir aux enjeux du monde contemporain.