En prétendant réduire les inégalités par l’école, des réformateurs « progressistes » ont rejeté des méthodes d’apprentissage indispensables, et l’idée même de méritocratie. Effet pervers : les élèves de classe populaire sont les premières victimes de ces leurres idéologiques, qui affectent l’ensemble de l’édifice républicain. Cet article confronte deux discours sur l’école et exerce un droit d’inventaire. Sous prétexte que l’école reproduit en grande partie les inégalités socio-économiques, on a délaissé sa fonction émancipatrice. Il faut repenser ce que l’école peut faire, et ce qu’elle doit faire.
En partant du livre que Jean-Michel Blanquer consacre à la réforme nécessaire de l’école, nous avons explicité et présenté les principes qui doivent guider cette réforme. Ce sera le travail du prochain président de la République que de substituer, aux simples ajustements techniques, un projet d’envergure qui permettra de recomposer l’école de la république.
En février 2016, l’académie de Créteil a publié un rapport sur la question des discriminations. Ce texte appelle selon nous un certain nombre de commentaires et doit susciter le débat. En effet, le système scolaire français est-il à proprement parler "discriminatoire" ? Et déjà peut-on appeler "discrimination" ? Nous soutiendrons qu'on ne peut pas parler de discrimination au sens juridique à l'école (ou de façon exceptionnelle) et que l’influence de la discrimination systémique sur les écarts de réussite scolaire est faible. Selon nous, ces écarts s’expliquent principalement par les inégalités économiques, sociales et éducatives du milieu d’origine des élèves (d’origine immigrée ou non), que le paradigme pédagogique dominant tend paradoxalement à renforcer.
Comment penser les processus de construction des inégalités scolaires à l’école ? Comment articuler le poids des déterminants sociaux et les opportunités que permet la scolarisation ? Ces questions sollicitent un appareil notionnel qui rende compte de la cohérence et de la diversité des trajectoires : les notions de médiation et de réseaux sont interrogées dans cette perspective. Elles gagnent également à être posées dans un domaine qui met en avant la subjectivité des élèves : l’éducation artistique et les arts plastiques sont sollicités comme particulièrement éclairants. Des portraits différenciés d’élèves appuient la réflexion en explorant les réseaux hétérogènes qui se constituent, entre scolaire et extra-scolaire, enseignement formel et éducation informelle.
Nathalie Bulle commente la réforme des programmes du collège. Selon la sociologue, l'affaiblissement de notre système éducatif et les effets inégalitaires prévisibles de la réforme sont des "dommages collatéraux" au regard de la finalité profonde poursuivie : l'instauration d'un nouvel ordre moral sur l'école.
Enregistrement de la deuxième séance (8/11/14) du cycle de rencontres intitulé Questions ouvertes pour l'école du XXIe siècle, organisé par le Centre de Philosophie Contemporaine de la Sorbonne (CEPA), l'Ecole Supérieure du Professorat et de l'Education de Paris et la revue Skhole.fr.
Intervenants : Jean-Pierre Terrail, Nathalie Bulle, Patrick Savidan, Eirick Prairat, Philippe Foray et Séverine Depoilly.
Nous publions ici la recherche menée par cinq jeunes polytechniciens pour leur mémoire de deuxième année portant sur l’inégalité des chances. L’analyse inter-temporelle menée dans le cas français, comme l’analyse internationale menée sur un échantillon de pays, révèlent une plus grande égalité des chances dans les pays où la pédagogie dominante est plus « explicite » ou « transmissive ».
Dans cet article, Alain Beitone souligne le dilemme dans lequel se trouve pris l'enseignement des SES en France. D’une part, les représentants associatifs et syndicaux de la discipline affirment défendre la démocratisation scolaire et affectent de se préoccuper en premier lieu de ceux des élèves qui ne sont pas des "héritiers", mais d’autre part ils préconisent et défendent avec beaucoup de détermination une pédagogie invisible, une critique de la vérité des savoirs scolaires, dont on sait désormais qu’elles ont pour effet d’amplifier les inégalités d’apprentissage.
Pour prolonger la réflexion sur l'égalité des chances à l'école entamée lors de la précédente livraison, N. Bulle cherche ici à résoudre les problèmes posés par la mesure même de l'inégalité devant la sélection : ceci la conduit à mettre en question quelques-unes des interprétations majeures des effets des politiques de démocratisation en France au cours du 20e siècle.
L’école française, entend-on souvent, est profondément « inégalitaire ». Même si l'évidence d'un tel constat s'impose, il vaut la peine de préciser ce que cela peut vouloir dire, et d'essayer de saisir avec rigueur les mécanismes à l'oeuvre. C'est à cet effort de clarification que nous voudrions contribuer dans cet article, en montrant en particulier le profit que l'on devrait encore tirer, selon nous, des travaux sociologiques de Raymond Boudon, pour aborder la question de l'inégalité des chances à l'école.
Le Haut Conseil de l’Education (HCE), dans un rapport remis le 1er Octobre dernier, préconise le passage du collège unique à l’« Ecole du socle commun » par une moindre articulation du collège avec le lycée d’enseignement général et une intégration des cursus du primaire et du collège. Les mots d’ordre sont priorité au socle, hétérogénéité des classes, différenciation pédagogique, autonomie des établissements. Nous proposons une brève synthèse du rapport et l’énoncé d’idées fausses ou d’erreurs de diagnostic qui l’étayent et permettent de comprendre pourquoi ses effets, s’il était appliqué, seraient contraires à ses intentions.
Le redoublement est officiellement déclaré inutile et devant avoir un caractère exceptionnel par le Haut Conseil de l’Education. On pose ici la question des limites des enquêtes conduites à son sujet.
Dans cette analyse fondée sur l’enquête PISA 2003 qui mettait l’accent sur la culture mathématique, on compare l’effet relatif des facteurs scolaires sur les performances en mathématiques des élèves les plus faibles et des élèves les meilleurs. Contrairement aux idées reçues, sur lesquelles s'appuie en particulier le rapport du Haut Conseil de l'Education sur le collège, dans les systèmes éducatifs du modèle nordique, les résultats des plus faibles tendent à se situer en deça de leur niveau socio-économique et culturel (si on les compare sur ces deux échelles à leurs homologues internationaux).
Le 19 Janvier 2010, nous avons invité D. Kambouchner, P. Meirieu et B. Stiegler à s'entretenir de manière approfondie autour de quelques grandes questions concernant l'école. Il s'est agi de discuter avant tout de la transformation des systèmes scolaires dans le contexte des mutations techno-culturelles de l'époque.